L'Homélie de Mgr Alain Planet du dimanche 17 octobre 2021
HOMELIE POUR L’OUVERTURE DE LA CONSULTATION SYNODALE EN VUE DU SYNODE DES EVEQUES
A l’ambition des deux frères, Jacques et Jean, Jésus répond en les renvoyant à sa Passion et aux dix qui s’indignent et, si l’on en croit un autre passage de l’évangile, se disputent pour savoir qui est le plus grand (Mc 9, 33-37), Jésus redéfinit ce qu’est le vrai pouvoir. Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous. Souvent nous perdons de vue cette dimension de la suite de Jésus. Et il est toujours tentant de s’approprier le pouvoir, d’écarter les avis d’autrui pour construire selon nos propres vues un chemin qui soit le nôtre et puisse s’imposer à tous.
Soyons juste, notre façon de vivre en Eglise tombe souvent dans ce travers et le désir de s’imposer et de sauver les pouvoirs établis, à plusieurs fois pris le pas sur le précepte du service. L’accablant rapport de la commission Sauvé que nous venons de recevoir nous a montré quels risquaient d’être les fruits de cette façon d’être et de faire. Bien des incompréhensions, à laquelle notre Eglise est confrontée, sont nées de l’arrogance d’une caste sacerdotale accrochée à son statut ou des fermetures de certains groupes de laïcs à un monde en attente de fraternité.
Réjouissons-nous de voir cette époque qui est la nôtre découvrir les malheureux effets de nos fermetures. Et réjouissons-nous de voir notre Eglise en prendre la mesure. Le pape Paul VI voyant s’achever le Second Concile œcuménique du Vatican avait voulu créer un synode des évêques où se retrouvent les évêques des différentes parties du monde, mandatés par leurs Conférence épiscopales respectives[1]. Dans les diocèses, en France à partir de 1970, se sont petit à petit tenus des synodes diocésains et une habitude de démarche synodale régulière. Très vite le synode des évêques a paru trop limité et la nécessité d’étendre une démarche synodale aux dimensions de l’Eglise s’est fait jour. Notre pape François vient donc de décider que le prochain synode des évêques, prévu pour 2023, serait préparé synodalement par toutes les Eglises particulières. Et c’est, à sa demande, cette démarche que nous inaugurons aujourd’hui pour notre diocèse.
Célébrer un synode ou engager une démarche synodale c’est remonter aux sources mêmes de l’Eglise comme nous le montre les Actes des Apôtres en maints endroits et comme le plus ancien droit de l’Eglise l’avait établi en reprenant un adage du droit romain : quod omnes tangit ab omnibus tractari et approbari debet (ce qui concerne tout le monde doit être discuté et approuvé par tous) où les historiens voient les sources de la démocratie occidentale.
Aujourd’hui donc nous entrons en synode avec toute l’Eglise : dans un instant je remettrai leurs lettres de mission aux membres de l’équipe chargée d’organiser notre démarche : elles est composée de Jane Lloret qui a conduit la démarche synodale de 2015-2017 qui a produit produire notre Charte pastorale, du père Thibault Remaury qui est le vice-président du conseil presbytéral, élu par ses frères prêtres, de Patrick Estrade, vice- président du conseil diocésain de pastorale qui l’a élu en sachant qu’il participerait à ce service. Il y a Nicolas Alary notre responsable de communication diocésain pour assurer que l’information circule et j’ai demandé au père Gustavo Pez-Nadalich, clarétains, de coordonner le travail de l’équipe, il apportera son regard de missionnaire, de religieux et d’Argentin…
Ce travail se fera en deux temps : d’abord jusqu’en février on travaillera à préparer le synode romain en regardant notre réalité audoise puis à partir de mars et jusqu’en novembre prochain nous réfléchirons aux propositions de ma dernière lettre pastorale pour voir synodalement comment construire l’avenir de nos communautés. Si la première partie de notre réflexion partira pour Rome, elle sera aussi jointe à la deuxième pour être remise au successeur qui va m’être donné et qui viendra, sans doute à l’automne prochain, travailler avec moi jusqu’à ce que je lui laisse toute la place.
Ce matin le conseil diocésain de pastorale est largement présent. Il est un lieu de profonde synodalité, il sera garant de notre démarche.
Etre chrétiens, ce n’est pas chercher à prendre une place ou à imposer un pouvoir ou même une parole, c’est suivre le Christ, ce grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance excepté le péché. Chacun nous est membre de son Corps et ensemble nous le rendons présent en notre monde. Il convient donc de manifester cette unité dans la diversité par un échange libre, appuyé sur la Parole de Dieu, informé par l’Esprit Saint. Il s’agit donc ensemble de marcher sur son chemin en sachant qu’il est le chemin. C’est cela proprement un synode.
Et au cœur de ce dimanche, Faustine, tu vas pour la première fois communier. Je sais combien tu t’es préparée à ce moment et combien il est important pour toi. Jésus va te recevoir, te prendre en lui pour que tu puisses faire route avec lui et avec nous tous. Bienvenue sur le grand chemin des Chrétiens qui sont unis à Jésus et qui ainsi vivent de la vie même de Dieu en eux. Accueille ce don au plus profond de toi et prends la route avec nous.
+ Alain Planet
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[1] Paul VI , Motu proprio Apostolica Sollicitudo du 15 sept. 1965 ; Vatican II, Décret sur la Charge pastorale des évêques, 5.