Commentaire de l'Évangile du 12ème Dimanche du Temps Ordinaire
« N’avez-vous pas la foi ? » C’est la question que Jésus pose à ses apôtres. C’est la question que Jésus pose à tous ces jeunes qui font une étape dans leur vie de chrétiens, première communion, profession de foi, confirmation.
Jésus vient d’inviter ses disciples à passer sur l’autre rive. L’autre rive, la rive de la vraie vie, la rive du changement et de la nouveauté, la rive où sont les non-juifs, les païens, les autres, tous ceux vers qui nous mène Jésus. Sur l’autre rive, se trouvent tous ceux que nous rencontrons, vos copains à l’école ou au foot ou à la danse, qui ne connaissent pas encore Jésus. C’est par vous qu’ils pourront le rencontrer, comme pour vous, cela a été vos parents, vos catéchistes qui vous ont aidé à le connaître.
Durant la traversée, Jésus est calme, il dort. Il ne s’en fait pas. Pourtant, la tempête gronde, celle que vit notre monde, celle de la pandémie, celle qui entraîne nos peurs et nous fait nous méfier des autres ou être regardé de travers... Le contraire de la foi, ce n’est pas l’athéisme. C’est la peur ! Les disciples ont peur de couler, peur de mourir, peur de l’autre rive. Ils s’affolent. Ils réveillent Jésus qui dort sur le coussin, qui garde son calme : qu’est-ce qui est vraiment grave ? Jésus menace la mer. Vous savez que la mer, les eaux, pour les Hébreux, c’est le lieu où habite le Démon, qui veut nous engloutir. « Silence, tais-toi ! » D’autres fois, Jésus dira à ses disciples : « N’ayez pas peur ! » Ne vous laissez pas submerger par la peur et le péché ! Il s’adresse aujourd’hui à eux, depuis le fond de la barque : «Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas la foi ? » C’est cette foi qui fait tenir debout les Chrétiens chassés de leur terre, en Irak, en Syrie, au Burkina Faso...
Jésus semble nous questionner ce matin. Il demande à chacun : Est-ce que tu vas être craintif, ou heureux de me recevoir ? » Voici quelques jours, durant leur de retraite de communion à l’abbaye de Rieunette, un enfant m’a raconté sa naissance, avec sa sœur jumelle. Ils sont nés en se tenant par la main, et leurs parents ne les ont pas séparés. Quelle image extraordinaire de la communion. Nous recevons Jésus comme un ami. Nous le tenons dans nos mains. Parce qu’on tient à un ami. Nous n’allons pas le tenir pour le détenir, le garder pour vous. Nous n’allons pas le tenir pour le retenir. Nous le tenons pour le recevoir, le manger. Jésus vient dans notre cœur. Nous devenons sa maison, son tabernacle. Tout comme nous assimilons la nourriture qui devient une part de nous-mêmes, nous devenons le corps de Jésus. Nous le chantons : « Devenez ce que vous recevez, devenez le corps du Christ. » (Saint Augustin) Nous tenir Jésus dans nos mains, le recevons dans notre cœur pour lui appartenir, pour nous attacher à lui.
Dans la tempête, nous savons que Jésus nous tient la main, quand dans notre vie, ça va mal, nous savons que Jésus nous tient la main. Il est attaché à nous car il nous aime. Nous sommes attachés à lui, comme à une bouée de sauvetage. Quand la mer est calme, nous pouvons lui confier nos joies, tout ce qui va bien, lui dire merci. Merci, en grec, cela se dit « eucharistoi ». L’eucharistie, c’est notre merci à Dieu qui se donne à nous, qui se fait proche de nous. Jésus est un peu comme ce jumeau qui nous tient par la main et qui ne nous lâchera pas. N’ayons pas peur de venir à lui, de lui tendre la main, comme le faisons à chque eucharistie, quand le prêtre nous présente ce bout de pain où Dieu est présent, et qu’il nous dit : « Le corps du Christ ! » Avec les professants et les confirmands, nous pouvons répondre avec assurance notre « Amen ! » C'est-à-dire « Oui, je crois, Jésus. C’est toi. Tu viens à ma rencontre. Prends-moi par la main. Comme je suis heureux de te voir. Tu es là ! »
Amen
+ Père Jean de Soos