Les lectures du 13ème dimanche du Temps Ordinaire par Jane Lloret
Décidément l’école de Jésus est loin d’être un chemin de pétales de roses…
Aujourd’hui on n’entend que des paroles dures et exigeantes. Jésus a bien « le visage déterminé » et monte résolument vers Jérusalem à travers le territoire plutôt hostile aux pèlerins juifs qu’est la Samarie. Il sait qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre.
Chaque parole du Christ dans cet évangile nous éclaire sur notre manière d’aborder la mission.
Face au refus des Samaritains, les « fils du tonnerre », Jacques et Jean suggèrent l’élimination spectaculaire de ceux qui refusent de l’accueillir. Pour Jésus la résistance, la contestation n’est pas utile et sans faire de reproches ni essayer de convaincre, il poursuit simplement son chemin. Combien il nous est difficile d’imiter cette voie de sagesse dans nos vies de tous les jours…
Ensuite, nous avons l’impression que Jésus reçoit des candidats pour la mission, comme un employeur reçoit aujourd’hui des candidats pour un poste en entreprise. Une démarche qui sera couronnée de succès car au début du chapitre 10 nous lisons qu’il désigne 72 disciples pour la mission.
On peut imaginer la scène : Arrive le premier candidat – Comment voyez-vous la mission ?
« Je te suivrai partout où tu iras ». Se rend-il compte jusqu’où cela peut l'entraîner ? Est-il dans la réalité de la mission ou dans un rêve idéaliste et inconscient ?
Des promesses en l’air, qui n’en a pas fait ? « Je te suivrai jusqu’au bout du monde » ai-je dit à mon mari quand nous nous sommes fiancés. Ces premiers amours ! Si fous, si merveilleux…. Et parfois si irréalistes…
Quand le Christ vous appelle c’est pour partir à l’inconnu, vous serez peut-être amenés à abandonner vos petits conforts, vos idées reçues sur la réussite dans la vie – et cet appel peut passer par la Croix comme pour tant de martyres et ces premiers chrétiens à qui s’adresse l’évangéliste Luc…
Jésus appelle le deuxième candidat, qui donne une excellente raison pour… ne pas le suivre tout de suite !
Quoi de plus naturel que de prendre le temps pour enterrer son père, faire le deuil. Mais l’appel de Jésus est urgent dans sa radicalité. « L’amour du Christ nous presse » précise Saint Paul (2Co 5,14).
« Laisser les morts enterrer les morts » (Lc 9,60). Vous êtes libre de rester là où vous êtes. Accomplir votre devoir de fils, c’est tout à votre honneur, mais la décision de suivre Jésus c’est maintenant ou jamais. Vous n’êtes pas mort, mais vivant. Votre foi est bien réelle, vibrante - alors, ayez confiance, laissez-vous guider par l’Esprit Saint.
Arrive le troisième candidat qui est partant mais a du mal à quitter sa famille. Il risque d’avoir des regrets. Cela me fait penser à la femme de Lot dans le livre de la Genèse (Gn 19,26). Elle regarde en arrière avec nostalgie, et s’étouffe dans la coulée de lave du volcan.
Faisons le lien avec la première lecture du jour du premier livre des Rois (1 R19, 19-21). Elie appelle Elisée et lui offre son manteau, c’est-à-dire la force de sa personnalité, de son charisme, mais il ne l’oblige pas à le suivre. C’est dans la liberté absolue qu’Elisée choisit de tout quitter. Il offre son attelage en sacrifice, nourrit les siens et part au service du grand prophète.
L’appel est exigeant mais vous pouvez avancer au large avec confiance.
Oui, mais comment en être sûr ? Saint Paul nous donne une clé aujourd’hui dans l'épître aux Galates (Ga 5,1.13-18). Le Christ nous appelle à la liberté et surtout à nous mettre au service les uns des autres. Il indique que « Toute la loi est accomplie dans l’unique parole « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ». Alors, en mettant en pratique ce précepte, ne suffit-il pas de se laisser conduire par l’Esprit tout comme Elisée ?
L’appel de Jésus est urgent, radical et nous engage au-delà de ce que nous pouvons imaginer, tout en préservant notre liberté car le Christ n’oblige personne à le suivre, mais notre acceptation nous engage à nous mettre au service des uns des autres par amour.